Les premières traces attestées d'une présence juive à Nice remontent au IIIème siècle, dans la ville romaine de Cemenelum, l'actuel Cimiez.

Lorsqu'ils sont expulsés de France par Philippe Auguste au XII ème siècle, les Juifs sont nombreux à trouver refuge dans les territoires de la maison de Savoie et à Nice. Le rattachement de Nice à la Savoie en 1388 permet à cette communauté de se péréniser, avec une synagogue et un cimetière. Elle possède son propre bailli, Giacomo Agnini.

En 1430, le Duc de Savoie Amédée VIII prend, sous la pression de l'évèque de Nice un décret qui les oblige à vivre dans un quartier spécifique de la ville, le "Judaÿsium". Ils restent cependant libres.

Pendant plusieurs siècles, ils prospèrent ainsi en bonne entente avec le reste de la population, malgré l'hostilité du clergé. Peu à peu, ils peuvent s'installer hors de leur quartier.

Mais le pape Clément XI trouve les Ducs de Savoie trop libéraux avec les Juifs. Sous sa pression, le Duc Victor Amédée II publie au tournant du 18ème siècle un édit similaire à celui de 1430 qui les oblige à vivre dans un quartier spécial, la "rue de la Juiverie", aujourd'hui rue Benoit Bunico. Ils doivent porter la rouelle et un chapeau jaune. Le ghetto est fermé la nuit venue. L'endroit est insalubre et les conditions de vie misérables.

En 1750, répondant aux suppliques de cette population, Charles Emmanuel III abolit l'obligation de porter un signe distinctif et assouplit les règles de résidence. Plusieurs familles migrent vers le quartier de Lympia.

La Révolution Française accorde aux Juifs la pleine citoyenneté française. C'est aussi le cas à Nice que la Révolution conquiert. Les 46 familles (environ 300 personnes) changent ainsi de statut et retrouvent une totale liberté.

Après la chute de Napoléon, retour sous la tutelle de la maison de Sardaigne. Retour au ghetto avec vente forcée de tous les biens se trouvant à l'extérieur.

Le roi de Sardaigne Charles-Félix va améliorer peu à peu la situation avec le vote de la première constitution du Royaume en 1848, qui, entre autres, supprime définitivement le ghetto et émancipe les Juifs du Royaume.

Dès 1845, les Juifs élevèrent en remerciement à Charles Félix une sorte d'obélisque (image ci-dessus) dont quelques fragments sont encore visibles à l'angle des rues de la Poissonnerie et de la Préfecture. Il se dressait à l'origine à l'extrémité du Pont Neuf, côté vieille ville. (Actuellement s'y trouve la fontaine "du soleil" qui fait face à la place Masséna, à côté de l'avenue des Phocéens.)

Pendant la seconde guerre mondiale, de nombreux réfugiés Juifs affluent à Nice où les occupants italiens ne les pourchassent pas et ne les livrent pas aux nazis.

Lors de l'invasion de Nice par les allemands après la paix séparée signée par l'Italie, la chasse aux Juifs est mise en place sous l'autorité d'Alois Brünner, et dirigée depuis l'Hôtel Excelsior.

La population et le Maire (Jean Médecin) ne coopèrent pas, le préfet cache les listes, l'évèque cache des Juifs, notamment des enfants dans des institutions religieuses (Don Bosco, entre autres). Dans la région, le village de St Martin Vésubie s'illustre particulièrement dans le sauvetage des Juifs à cette période.